Monocle, portrait de la journaliste Sylvia von Harden, d'après le tableau d'Otto Dix (1926), texte et mise en scène de Stéphane Roussel, avec Luc Shiltz, au Naxos Bobine, le 3 novembre 2009

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La première (d’une longue série, j’espère) sortie culturelle avec la nommée RP, venue des United States of America pour me culturaliser en exil à Paris. Une folie : un tableau mis en scène. Pour info, le tableau en cause « représente une époque, qui ne s’attache pas à la beauté extérieure d’un femme mais bien plus à son psychisme » (pour citer le peintre lui-même). Une caricature qui immortalise l’émancipation de la femme, qui boit, fume, assume sa sexualité (via ses collants tombés, sa robe courte et son rouge rouge), mais également sa virilité (par ses cheveux courts et surtout son monocle). Une séance de spiritisme : Luc Shiltz, en travesti, ressuscite Madam von Harden, qui vit devant nous (les spectateurs) la scène du portrait. Petit à petit, le monologue imaginé par Stéphane Roussel dévoile l’esprit d’une génération (celle des années ’20) : le cosmopolitisme, l’intellectualité, la sexualité exacerbée, les crises de folie, les spasmes passionnelles, les excès, les excès, les excès … Assez de matériel pour que, en 2009, on se sente « tiède » … Et, quand on croyait qu’on pouvait pas en faire plus, le tableau change, l’artiste décadente devient (anti)christ, le rouge à lèvres se transforme en sang et la coupe de garçon en couronne d’épines. Les hurlements de Luc Shiltz semblent ouvrir l’enfer, on voit (intérieurement) des démons et des exorcistes, et brusquement on se rend compte qu’on est pas très loin du cimetière Père Lachaise (le théâtre Naxos Bobine est à Voltaire) et on aimerait avoir mis un pantalon marron ce matin. Pour ceux qui ont eu la (mal)chance de voir « Confession à Tanacu » d’Andrei Serban – u ll know what I mean ! Bref, du vrai théâtre underground et une pièce d’enfer, au sens propre :)
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