Le cours d'écriture de Marie


Caron

A l'intérieur de moi
il y a des vagues
qui se meurent
chaque seconde
des offrandes
qu'elles portent :
des pommes
d'Adam
naufragées
sur la plage
déserte
de ta bouche.

///

Fragments

Décision :
On me propose de prendre le plan de départ. Ou sinon de rester, mais en sachant qu'un licenciement sec suivra probablement dans ce cas. Ce serait bête de ne pas prendre le plan. Il faudra que j'en parle à ma femme ce soir. Je vais probablement prendre le plan de toute façon. ... Et après ?

Cauchemar :
- Ah !
- Qu'est-ce qu'il y a mon chéri ?
- Ah, c'est atroce, j'étais en train de tomber dans le vide. J'attendais l'écrasement. Et puis il ne venait pas.  C'était insupportable.
- Ce n'est pas grave mon chéri. C'était un cauchemar. Maintenant c'est fini. Je crois que c'est normal vu la nouvelle que tu as apprise aujourd'hui. Demain, ça ira mieux.
- Tu crois ?
- Bien sûr. J'en suis persuadée. Rendors-toi mon chéri.

Perte :
- Je ne comprends pas. Pourquoi tu veux partir ?
- Je n'en peux plus mon chéri, je suffoque.
- Mais. Je t'aime moi.
- Je sais. C'est pour ça que c'est tellement dur.
- Mais. Je ne veux pas te perdre moi.
- Je suis désolée mon chéri. Excuse-moi. Je suis désolée.

Bruits :
- A ce moment-là j'ai cru vraiment entendre comme de la vaisselle se casser dans ma tête. Tout était en train de s'écrouler. La femme de ma vie me quittait. Tout était fini. Et ce sentiment à nouveau : que j'étais en train de me faire avoir. Par le boulot. Par l'amour. Par la vie.
- Et maintenant, vous entendez encore ce bruit ?
- Non.
- Qu'est-ce que vous entendez maintenant ?
- Rien. Plus rien.

Souvenirs :
- Dites-moi, elle vous fait penser à quoi cette photo ?
- A mes grands-parents. Ils y sont en même temps. Bien sûr que je pense à eux. A la Bretagne. A leur petite maison au bord de la mer. 
- Et encore ?
- A mes étés passés là-bas. 
- Ils étaient comment ces étés ?
- Bizarres. Avec ma soeur, on ne savait pas trop si on était les bienvenus. Notre grande-même était tellement froide. Elle nous disputait pour rien du tout. On n'avait le droit de rien faire : pas courir, pas hurler, pas rigoler, pas s'amuser. On n'était que des enfants. C'est ce qu'ils sont censés faire les enfants, non ?

Lettre :
Mon chéri, je sais que je ne vais jamais te l'envoyer cette lettre. Je suis désolée. Je suis désolée de te faire ce mal. J'aimerais tellement ne pas te voir souffrir. J'aimerais tellement que tu sois heureux. Je t'ai vraiment aimé, je ne veux pas que tu en doutes. Je t'aime encore à ma façon. Mais pas comme tu le voudrais. Comme ça, je ne t'aime plus. Comme ça, je ne t'aimerai plus jamais. Je sais que tu penses que ce n'est qu'une pause, pas une séparation. Ce n'est pas vrai. Tu as tort. C'est une rupture. C'est notre rupture. Je t'aime. 

Silence :
Maintenant c'est le vide dans ma tête. C'est bien. C'est calme. C'est confortable. ça faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu ce silence. Je respire. Le vide. Sans toi. ...

Solitude :
C'est horrible ce vide dans ma tête. Seul. Dans ma tête. Sans toi. ...
Comment retrouver l'envie de demain? 

Vision :
Adrien déballe le paquet que j'ai mis sous le sapin hier soir. C'est le 3e cadeau qu'il ouvre. J'espère que ça lui plaira. J'ai toujours une appréhension dans cette guerre des cadeaux : qui aura trouvé le meilleur ? qui aura payé le plus cher ? En découvrant l'emballage de la Ferrari rouge, ses yeux s'illuminent. C'est gagné, il adore. Il regarde sa maman qui tourne sa tête vers moi. Merci tonton. Il vient m'embrasser. Et d'un coup, tout va bien. 


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