Le cours d'écriture de Marie



Le lac sans O

Viens, je vais t'amener au lac. 
Là - j'ai grandi. 
Là - enfant, je me baignais. Après, ma grande-mère me mettait du gaz dans les cheveux ; ainsi, les animaux sauvages qui s'invitaient seuls sur ma tête fuyaient ; ils allaient voir d'autres enfants, aux grandes-mères peu vigilantes. 
Là - les vieilles disaient que les fées de l'eau se réunissaient la nuit et dansaient nues devant un pauvre passant perdu - inversement agressé : héritage des villages matriarcaux malgré cette habitude qui subsiste de battre sa femme même sans cause (même quand tu ne le sais pas, elle - elle le sait).
Là - l'tété je mettais ma tente, je buvais du gin schweppes pas cher, je chantais en grattant ma guitare et j'tétais juste heureuse. 
Là - mes paupières se fermaient les étoiles pleins les yeux, paresseuses, fatiguées, épaisses, grasses, d'autant de calme, de silence et d'être bien. 

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Devinette pour les tout petits

D'où viens-tu ? Du Pôle Nord.
Que fais-tu ici ? J'apporte des cadeaux. 
Que veux-tu ? Récompenser les enfants sages.
Comment es-tu venu ? En traîneau, tiré par des rennes.
Comment me connais-tu ? J'ai lu ta lettre.
Mais enfin, pourquoi ? Mais enfin, parce que c'est Noël bine sûr !
Qu'as-tu dans la main ? Tiens, c'est ton cadeau !
Qui es-tu ? Je suis le Père Noël.

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Une journée ordinaire
Elle court tout le temps, mais surtout dans sa tête

Elle se propose tous les jours de faire plein de choses. Elle n'y arrive jamais. Elle est incapable de mesurer la quantité juste de choses par jour qui la laisserait satisfaite le soir venu, contente du travail accompli. 
Ce matin, elle voulait refaire une prise de sang pour voir où elle en était du fer et du cholestérol et pour le test HIV, qu'ils n'arrêtent pas de décaler avec son nouveau compagnon et plus le temps passe, moins il se justifie. A nouveau, elle sent que le contrôle sur sa vie lui échappe. Comme si elle n'avait pas de prise sur elle-même. 
Réveillée trop tard pour les analyses, trop tard aussi pour aller chercher sa robe bleue au pressing et pour poster les cartes laissées par sa mère au retour de son dernier circuit touristique, passage par Paris oblige. Prendre rendez-vous avec sa gynéco : elle ne trouvera pas de créneau aujourd'hui pour l'appeler, autant décaler de suite dans son agenda. Elle a juste le temps d'envoyer un texto à son coach sportif pour lui dire ok pour samedi 11h dans le bois de Boulogne. 
9h30, ça commence avec le Comité Produits. Elle présente le projet de modification des contrats cadre avec le réseau de distribution asiatique. Les questions vont dans tous les sens. Elle arrive à re-cadrer le débat, mais le temps passe. Elle était partie pour 15 minutes, elle y est restée une bonne heure et demie. 
Elle devait déjeuner avec une bonne amie : elle est obligée d'annuler, elle n'aura pas assez de temps pour préparer les Conseils d'Administration de l'après-midi. Au téléphone, Sophie est compatissante, comme toujours. Bon courage chérie, travaille bien, à très vite ! Elle va manger une crème minceur devant son PC à la place. 
Les Conseils se passent bien. Elle prend toutes les questions. Même celles tardives, pendant le cocktail dînatoire. 
Elle est fatiguée. 
Elle arrive au théâtre 5 minutes avant le début du spectacle. Les filles l'attendent. Elle ne les a pas vues depuis un mois. Au moins. 
Et si on n'y allait pas ? C'est une belle pièce, mais on l'a déjà vue, et je ne suis pas en mood inexorable fatalité ce soir. Allons dîner. 
Et elles s'en vont légères, comme l'air du soir. 

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Random goodies

Elle avait mis cette petite robe noire, dont la sobriété contrastait terriblement avec la fraîcheur de ses joues roses, idéales, parfaites, éclatantes de lumière.

Le petit globe "Paris sous la neige" à la Tour Eiffel rouge-passion tomba lourdement sur la chaise et éclata en mille morceaux.

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