Le mardi à Monoprix /// Martea la Monoprix

J’ai toujours eu une attraction maladive pour putes, proxénètes, transsexuels (je suis désolée de tout mettre ensemble ; croyez-moi, je ne veux pas porter de jugement de valeur). D’où mon amour pour Almodovar, Dalida et Michou, ma fascination pour le Bois de Boulogne, la rue de Saint Denis et le quartier rouge d’Amsterdam, ma passion dévoratrice pour Until I find you de John Irving. En quelque sorte, ces catégories sociales mises de coté, « marginalisées », me fascinent par leur « révolutionnarisme » - dans le sens qu’ils ne se laissent pas faire par la morale, l’ordre public et le statu quo de la société actuelle (contrairement à moi !).

Parfois, je me rappelle (pas forcément dans l’ordre) :
- d’une blague roumaine (que je vais vous raconter bien évidemment, même si les blagues traduites c’est trop nul)
- d’une discussion de vie (et d’avenir) avec mon père (une des très nombreuses …)
- d’un conseil récent d’une de mes copines (Mamélia, you made me dream !)
et je me dis que j’aurais mieux fait de devenir pute qu’auditeur. Les putes, au moins, elles rendent heureux.

N° 1 : blague roumaine traduite
Une pute fait venir chez elle un client qu’elle vient d’accoster. Le temps qu’elle lui serve un verre, le client jette un coup d’oeil sur les murs et tombe sur plein de diplômes (à adapter : HEC, Mines, Cornell’s, Oxford, Harvard …). Lorsque la pute revient avec les verres, le client, gêné, s’excuse : « Désolée, Mademoiselle, je vous ai prise pour une prostituées, veuillez m’excuser, je ne savais pas … ». La pute répond : « Mais je suis une prostituée ! ». Le client demande : « Mais comment c’est possible, avec tous ces diplômes … ». Et la pute répond : « J’ai eu de la chance … ».

N° 2 : discussion de vie avec mon père
Je n’ai jamais su quoi faire de ma vie, malgré mes deux certitudes / objectifs pas très utiles - avoir de l’argent et rien faire. Du coup, j’ai fait une fac’ de gestion :) Mais avant d’arriver au « compromis », mon père n’arrêtait pas de me poser LA question : qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Un jour, je lui répondit : PUTE. Mais ça ne dura pas longtemps. Mon père mit son veto catégorique : pour être pute, il faut être laborieuse, ma puce ! Ainsi fut définitivement compromise une carrière (qui sait ?) de succès !

N° 3 : conseil de reconversion récent
Ma copine me voit matrone de bordel. A priori, j’aurais tout pour y arriver : relationnel (avec les clients), fermeté (avec les filles), organisation (comptabilité double). Ce métier (super généraliste) croiserait RH (sélection des filles), marketing (racolage des clients), finance (placement des recettes des clients jusqu’au paiement mensuel/trimestriel/annuel/inexistant des filles), contrôle de gestion (chronométrage et rentabilisation de l’acte), formation (ici, je devrai faire appel à un organisme externe et l’imputer sur le DIF, mes compétences dans le domaine étant malheureusement largement insuffisantes) …

Tout ça pour vous dire que j’aime ce monde et j’aurais bien aimé en faire partie ! Mais … je n’ai pas eu de chance :)

Pour ceux qui n’arrivent plus à suivre mes propos : c’était une intro.

And here comes the real shit :

Je voulais vous parler de “Un mardi à monoprix”, pièce recommandée par mon amie RP, écrite par Emmanuel Darley, mise en scène par Michel Didym, jouée par Jean-Claude Dreyfus et vue dans un petit théâtre de Pantin.
Je voulais vous parler d’un Monsieur qui est devenu Madame, et qui continue à venir voir son Père après la mort de sa Mère. Un Monsieur / Madame qui se fait constamment agresser par son Père à cause de sa différence (une honte !), malgré son amour, sa présence et son aide hebdomadaires. Un Monsieur / Madame qui, en dépit des humiliations régulières que lui fait subir son Père lors de chaque visite, pense à Lui jusqu’à la fin, jusqu’au dernier moment, jusqu’au dernier souffle de sa vie … Un Monsieur / Madame qui veut juste être accepté « telle quelle » - une sorte de « just as you are » à la Bridget. Un Monsieur / Madame touchant, juste et magistral, comme seul un énorme acteur aurait pu en faire ! Un Monsieur / Madame plus féminin qu’un bon nombre d’entre nous, les « vraies » filles. Un Monsieur / Madame qui, justement, a gagné sa féminité, alors que nous toutes, on l’a héritée. Un Monsieur / Madame plus vrai que nature … en fait, juste une Dame, a real one !
Remember Jeanne Moreau ? Jean-Claude Dreyfus a la même voix … en mieux !
Remember Jacques Tati ? Michel Didym va dans le même sens … circulaire et super circulaire, aux décors apurés, modernes et minimalistes, flottants … sans oublier le violoncelle / deuxième voix de Jean-Claude Dreyfus.

Est-ce que c’est la peine de vous dire que j’ai pleuré à la fin, et que même en ce moment, en écrivant (ou en tapant-ce serait plus juste), je sens les larmes s’accumuler ?

En guise de conclusion : la pièce reprend au Théâtre Ouvert, dans le 18e à Paris, du 24 novembre au 19 décembre 2010. GO SEE IT !!!

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Am avut întotdeauna o atractie maladiva pentru curve, proxeneti, transexuali (îmi pare rau ca pun pe toata lumea în aceeasi oala ; nu vreu sa emit vreo judecata de valoare). De unde si iubirea mea pentru Almodovar, Dalida si Michou (cabaret transsexual parizian), fascinatia mea pentru Bois de Boulogne, rue de Saint Denis si cartierul rosu din Amsterdam, pasiunea mea devoratoare pentru Until I find you de John Irving. Într-un fel, aceste categorii sociale date de-o parte, marginalizate, ma fascineaza prin « revolutionarismul » lor – în sensul în care nu se lasa batute de morala, ordinea publica si statu quo – ul societatii actuale (invers fata de mine !).

Câteodata, îmi amintesc (nu neaparat în ordine) :
- de un banc românesc
- de o discutie de viata (si de viitor) cu tata (una dintre multele …)
- de un sfat primit recent de la una dintre prietenele mele (Mamélia, you made me dream !)
si mi se pare ca ar fi fost mai bine sa ma fac curva decât auditor. Macar curvele fac oamenii fericiti.

N° 1 : banc românesc
O curva vine acasa cu un client pe care l-a acostat. În timp ce curva îi pregateste un pahar de ceva, clientul vede ca pe pereti sunt atârnate o gramada de diplome (de adaptat : Sorbona, Cornell’s, Oxford, Harvard …). Când curva revine cu paharele, clientul, jenat, se scuza : « Îmi pare rau, Domnisoara, am crezut ca sunteti o prostituata, scuzati-ma, nu stiam ca … ». Curva raspunde : “Dar sunt o prostituata!”. Clientul întreaba : « Dar cum se poate, cu toate diplomele astea ...”. La care curva raspunde : “Am avut noroc … ».

N° 2 : discutie de viata cu tatal meu
N-am stiut niciodata ce vreau sa fac cu viata mea, în ciuda acestor doua certitudini / obiective nu prea utile : sa am bani si sa nu fac nimic. Asa ca am facut ASE-ul, ca toata lumea :) Dar înainte sa ajung la « compromis », tatal meu ma tot întreba : ce vrei sa te faci când o sa fii mare ? Într-o zi, i-am raspuns : CURVA. Da’ n-a durat multa vreme. Tata mi-a râs în nas, spunându-mi : ca sa fii curva, tre’ sa fii harnica, fata tatii ! Asa-mi fu defintiv compromisa o cariera (cine stie ?) de succes!

N° 3 : sfat recent de reconversiune
Una dintre prietenele mele ma vede matroana de bordel. A priori, am tot ce-mi trebuie pentru job : usurinta relationala (cu clientii), autoritate (cu fetele), organizare (contabilitate dubla). Meseria asta (super generalista) ar include resurse umane (selectionarea fetelor), marketing (racolarea clientilor), finante (plasarea veniturilor pâna la plata lunara/trimestriala/anuala/inexistenta a fetelor), control de gestiune (cronometrarea si rentabilizarea actului), formare (aici va trebui sa fac appel la un organism exterior, ca din pacate io nu detin competentele necesare) ...

Toate astea ca sa dovedesc ca iubesc lumea asta si ca mi-ar fi placut sa fac parte din ea ! Dar … n-am avut noroc :)

Pentru cei pe care i-am pierdut cu divagatiile mele : asta era introducerea.

And here comes the real shit :

Vroiam sa scriu despre « Martea la magazinul Monoprix », piesa recomandata de prietena mea RP, scrisa de Emmanuel Darley, regizata de Michel Didym, jucata de Jean-Claude Dreyfus si vazuta într-un mic teatru de la Pantin.
Vroiam sa scriu despre un Domn devenit Doamna, care continua sa vina sa-si vada Tatal dupa moartea Mamei sale. Un Domn / Doamna care e constant agresat de catre Tatal lui din cauza diferentei sale (o rusine !), în ciuda iubirii, prezentei si ajutorului pe care i le aduce saptamânal. Un Domn / Doamna care, în ciuda umilintelor repetate pe care i le impune Tatal sau la fiecare vizita, se gândeste la El pâna la sfârsit, pâna în ultima clipa, pâna la ultima suflare … Un Domn / Doamna care nu vrea decât sa fie acceptat « telle quelle » - un fel de « just as you are » à la Bridget. Un Domn / Doamna înduiosator, just si magistral, cum numai un enorm actor ar fi putut sa creeze ! Un Domn / Doamna mai feminin decât multe dintre noi, « adevaratele » fete. Un Domn / Doamna care, tocmai, si-a câstigat feminitatea, în timp ce noi toate, am mostenit-o. Un Domn / Doamna mai adevarat decât natura … de fapt, doar o Doamna, a real one !
Remember Jeanne Moreau ? Jean-Claude Dreyfus are aceeasi voce … în mai bine !
Remember Jacques Tati ? Michel Didym merge în acelasi sens … circular si super circular, cu decoruri apurate, moderne si minimaliste, plutitoare … fara sa uitam violoncelul / a doua voce a lui Jean-Claude Dreyfus.

Sa va zic ca am plâns la sfârsit si ca, chiar si în acest moment, scriind (sau tastând – ar fi mai corect), simt cum îmi dau lacrimile ?

În loc de concluzie : piesa e reluata la Théâtre Ouvert, în 18e la Paris, de pe 24 noiembrie pe 19 decembrie 2010. GO SEE IT !!

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