10 poezii românesti (sau poate ca trebe’ sa ma las de iarba) /// 10 poèmes roumains (ou peut-être que je devrais arrêter de fumer la moquette)

       
CRESTERE ?
Femeie.
E o stare noua
pe care io n-o cunosc.
Mama încearca zadarnic
sa ma pregateasca.
Când io vreau
doar un lucru :
sa ramân
copil.

PASARICA
La nunta ta
io am plâns ca o nebuna.
De drag – pentru tine
De frica – pentru ca io urmez ?

TARA MEA
La noi
barbatii poarta maiou
pe sub camasa
si femeile par toate
curve.
La noi
oamenii se iubesc cu sufletul
si nu cu mintea
asa ca sunt, totusi, frumosi.

PROGRES
Intercity-ul Bucresti – Piatra Neamt
merge încet.
Veceurile sunt aproape
acceptabil de curate.
Si nu se mai merge
cu nasu.

PEISAJ
Pasarile se aduna puhoi
pe cablurile din triajul garii
între vagoane de marfa abandonate
si cer.

GARA
Peronul e facut din bucati de
gresie / faianta / marmura / piatra
între care iarba creste liber.
Cladirile garii au geamuri
sparte si grilaje ruginite.
Blocuri neterminate si fabrici
în ruina se vad în zare
(nu departe).
Nu mai e nici dracu’
pe peron.

BOGDAN SAU RAZVAN ?
Mama crede ca înca ma
mai gândesc la
iubirea mea din liceu.
Îi e frica sa nu ma duc
sa-l vad, dup-atâta
timp, pe Razvan.
Pe iubitul meu de-atunci
îl chema Bogdan.

CE ? UNDE ? CUM ?
Faza e ca nu stiu ce-ar putea
sa ma faca fericita.
Nu stiu unde e partea creierului
meu care se ocupa cu
pofta de viata si daca ea
e activa.
Nu stiu (cum) sa ma bucur.

ACASA
Oriunde-as fi, soarele e tot
rosu la asfintit.

CULPA
Parintii mei s-au sacrificat
pentru mine
si-au acceptat sa ma
rupa de la sânul lor
ca sa-mi fie mie
mai bine.
Chiar daca sânul lor
sângereaza într-una
de-atunci.
Parintii mei au sperat ca
sacrificiul lor ma va face
o învingatoare (a lumii),
o câstigatoare (a vietii).
Ca ma voi întoarce
renascând din cenusa familiei
noastre, a unui neam întreg,
ca pasarea Phoenix.
Ca “dreptate” va fi pentru mai
multe generatii (trecute).
Io ma complac în confortul
prezentului meu iresponsabil
si nu (reusesc sa) fructific
sacrificiul celor ce ma iubesc
atât de mult încât au
renuntat la mine.
Sunt vinovata.

///

GRANDIR ?
Femme.
C’est un nouvel état
que je ne connais pas.
Ma mère essaye en vain
de me préparer.
Quand moi, je ne veux
qu’une seule chose :
rester
enfant.

MA CHERIE
A ton mariage,
j’ai pleuré comme une folle.
Par amour – pour toi.
Par peur – parce que je suis la prochaine ?

MON PAYS
Chez nous,
les hommes portent des marcels
sous leurs chemises
et toutes les femmes s’habillent comme des
putes.
Chez nous,
les gens s’aiment avec leurs âmes
et pas avec leur têtes,
ce qui fait qu’ils sont quand même beaux.

PROGRES
Le “TGV” Bucarest – Piatra Neamt
va tout doucement.
Les chiottes sont presque
acceptablement propres.
Et on ne voyage plus
sans billet.

PAYSAGE
Les oiseaux se rassemblent et s’entassent
sur les câbles du triage de la gare,
entre les wagons de marchandise abandonnés
et le ciel.

LA GARE
Le quai est fait de morceaux de
grès / faïence / marbre / pierre
entre lesquels l’herbe pousse librement.
Les bâtiments de la gare ont des fenêtres
cassées et des grillages rouillés.
Des maisons inachevées et des usines
en ruine se profilent à l’horizon
(pas loin).
Il n’y même pas un chat
sur le quai.

BOGDAN OU RAZVAN ?
Maman croit que je
pense toujours
à mon amour de lycée.
Elle a peur que j’aille voir,
après tout ce temps,
Razvan.
Mon amoureux d’antan
s’appelait Bogdan.

QUOI ? OU ? COMMENT ?
Le truc c’est que je ne sais pas
ce que pourrait me rendre heureuse.
Je ne sais pas où se trouve la partie de mon cerveau
qui s’occupe de
l’envie de vivre et si elle est
active.
Je ne sais pas (comment) être contente.

HOME
Où que je sois, le soleil est toujours
rouge au coucher.

FAUTE
Mes parents se sont sacrifiés
pour moi
et ont accepté de me
rompre de leur sein
pour que, moi,
je puisse être mieux.
Même si leur sein
saigne sans cesse
depuis.
Mes parents espéraient que
leur sacrifice allait me rendre
un vainqueur (du monde),
une gagnante (de la vie).
Que j’allais retourner
en renaissant des cendres de notre famille,
de tout un peuple,
comme le phénix.
Que « justice » il y aurait pour
plusieurs générations (passées).
Moi, je me complais dans le confort de
mon présent irresponsable
et je ne (réussis pas à) fructifie(r)
le sacrifice de ceux qui m’aiment
autant qu’ils ont
renoncé à moi.
Je suis coupable.

Commentaires

Anonyme a dit…
J'aime ces poèmes pour leur sincérité. Je suis touchée dans mon coeur par cet autre coeur d'exilée qui s'interroge ? Je lis une souffrance qui ne demande qu'à être apaisée, je vois une femme qui cherche son identité... merci Lavinia pour ce regard offert en partage.
Marie LS

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