Le cours d’écriture de Marie
The Goldfish Stories: Waiting for Love
Je bulle dans mon coin. 3 jours elle a dit la
voyante : vous allez rencontrer quelqu’un dans 3 jours. Et il y en a 5 qui
sont passées depuis. 2 de plus. Et toujours rien. Pas une seule rencontre !
Les départs, oui, ça continue. Tous les jours il y en a un ou deux qui se
retrouvent le ventre à l’air. On ne nous dit rien mais ça sent l’épidémie.
Quand ils ne remplacent plus les morts c’est que tout espoir est perdu et qu’on
attend la fin pour repeupler. J’essaye de rester à l’abri et de ne rien
partager avec les autres. Je passe chercher mes granules à la première heure,
comme toujours. J’essaye d’en accumuler un maximum et quand la populace arrive
je me barre pour les déguster en paix ou les cacher pour mes réserves antiatomiques.
J’ai peur d’une guerre biologique.
The Goldfish Stories: Togetherness
J’ai besoin d’espace. Qui dit ça dans un bocal ?!
Où veut-elle que j’aille ? On est collés pour la vie ensemble. Autant en
profiter, non ? Se dire des mots doux, se tourner autour, partager nos
repas, se reposer l’un à côté de l’autre … profiter des petites joies de la
vie. Elle ne veut pas. Elle ne veut plus. Je l’insupporte. Elle ne supporte
plus me voir. Je lui rappelle ses ex. A quoi voudrait-elle que je ressemble ?
A un crocodile ?! On vient de la même espèce, bien sûr qu’on se ressemble.
Alors voilà, depuis ce matin je bulle dans mon coin, je lui fais la tête. Je
fuis. Je m’isole. J’espère qu’elle va finir par se faire chier toute seule et
qu’elle viendra s’excuser et essayer de recoller les morceaux. Je serai gentil.
Je lui pardonnerai. Vaut mieux quand on est collés pour la vie ensemble.
Under my Skin
Y a des nuits entières où le sommeil m’évite. Des
nuits entières où je tourne en rond dans ma maison sans trouver le repos, des
nuits entières à essayer de lire, d’écrire, de regarder Netflix, trop fatigué
pour y arriver. J’y pense, je pense à elle, encore et encore, encore et
toujours, sans fin, sans pause, sans point. Y a des nuits entières où son odeur
s’installe dans mes narines confortablement, sans accepter de les quitter. Je
peux me laver, me moucher, faire des inhalations, mettre du baume de tigre …
mais je n’arrive pas à la faire partir. Elle reste là son odeur dans mes
narines. Comme elle est là Jasmine tatouée dans mon âme.
Pricks Attack!
Notre ville a été envahie par des connards. Ils
sont sales, gros, dégoûtants. On n’a jamais vu tant de bordel dans la ville.
Ils ont tout infesté : les restaurants, les médiathèques, les maisons, les
bureaux. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l’invasion se sont fait
attaquer. De ma fenêtre, je vois 3 connards et un homme de la ville
parfaitement tétanisé. Les connards attaquent d’abord les démunis, les
dépressifs, les femmes, les enfants et les vieux. Ce sont les plus honnêtes qui
s’inquiètent de tout cela. Les autres font semblant de ne rien voir.
It started like that
- Je peux te
demander quel âge tu as ? Je suis curieuse.
- Bien sûr :
37.
- J’avais 37
ans quand j’ai quitté mon mari français !
- Quelle coïncidence !
J’adorerais connaître ton histoire.
- Tu me fais
rire. J’en ai fait un livre, tu sais ?!
- Donne-moi le
titre, je vais l’acheter de suite. (elle sort son iphone)
- Il n’est pas encore
publié !
- Alors tu dois
me le raconter.
- Oh mon Dieu,
ça va prendre une éternité.
- On a une
journée.
- OK. De toute
façon je suis trop fatiguée pour un autre musée. Être assise sur ce banc dans
le parc un dimanche ensoleillé sous les rires des enfants qui jouent et
partager mon histoire avec toi avant de retourner à New York est la fin
parfaite de mon voyage à Paris.
- J’ai trop
hâte. Ça commence comment ? Où l’as-tu rencontré ton mari français ?
Ici ou là-bas ?
- A New York.
Il était en stage dans une grande banque d’affaires. Un jeune homme de bonne
famille à l’avenir promettant. Avec son accent français et son éducation
européenne, il faisait rêver toutes les filles. On s’est rencontrés chez des
amis. Moi j’étudiais pour devenir comédienne. C’était comme une étincelle. Dès
que je l’ai vu j’ai su : c’était mon homme, celui que j’attendais, celui
que j’allais épouser.
- C’est beau !
- C’est ce que
j’ai pensé. C’est allé très vite entre nous : on a aménagé ensemble, on s’est
fiancés, il m’a amenée à Paris pour me présenter sa famille, il a pris le job
qu’on lui a proposé après son stage, on s’est mariés, on a eu Christian, j’ai arrêté
le théâtre. Pendant presque 3 ans on a eu une relation fusionnelle : on n’existait
que pour être ensemble. Le sexe était extraordinaire.
- Je vois. Le
genre de relation dans laquelle on s’oublie.
- Il était
dépendant de l’alcool. J’étais dépendante de lui.
- Classique :
un alcoolique et une codépendante.
- C’est ça. T’imagines
le reste.
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