Le cours d’écriture de Yolande



Mon pays

Il est un pays lointain où des milliers et des milliers de personnes et d’animaux et de choses sont seuls. Ce pays surpeuplé a oublié ce qu’est être ensemble. Des mesures extraordinaires ont dû être prises pour stopper l’augmentation exponentielle de la population. On a pensé au confinement ; on n’a pas réussi à l’imposer. Un code de l’oubli fut alors inventé par les savants américains et implanté discrètement dans les cerveaux des hommes. Tout d’un coup, on oublia comment et pourquoi se ressembler. On oublia pourquoi on était là. On oublia le sens de la vie. Le code devint vite indépendant, il apprenait tout seul et n’avait plus besoin des savants américains qui l’avaient créé pour se propager. A leur tour, ses créateurs furent contaminés et plus personne au monde ne se souvenait pourquoi le code de l’oubli avait été inventé. Solitaires, les hommes ne pensèrent plus à s’aimer, ni à procréer. Cette fonction étant devenue inutile, le corps humain s’adapta en fusionnant avec le code générant l’oubli et l’humanité devint humanoïde. La mort disparut ; des clones furent fabriquées pour remplacer, lorsque nécessaire, les modèles cassés. Une nouvelle dynamique se mit en place. Une vie sans âme se déroulait mécaniquement. Sans but. Sans raison. Sans vie.
Avant : La terre était ronde, mais paradoxalement on ne baisait que dans les coins.
Aujourd’hui : La terre contine de tourner, mais paradoxalement on ne baise plus.

Il est un pays aux fortes murailles qui font barrages à l’Ennemi d’autant plus que tout son peuple cherche à s’en échapper. L’Ennemi n’a pas de nom. L’Ennemi n’a pas de visage. L’Ennemi est une création du Pouvoir pour justifier l’enfermement de son peuple. Le Pouvoir a oublié pourquoi il a inventé l’Ennemi. Mais le Pouvoir ne sait plus comment exister sans l’Ennemi. Alors – même si cette réalité ne lui convient pas – le Pouvoir la maintient puisqu’elle est la seule qu’il connaît. Le Pouvoir manque d’imagination. Le Pouvoir manque de courage. Le Pouvoir tourne en rond.
Avant : Les murailles nous protégeaient.
Aujourd’hui : Les murailles nous isolent.

Il est un pays qu’on croit démocratique et qui pour autant ne l’est pas. Les croyances se renforcent dans leur cercle de transmission. L’inconnu devient inimaginable. Des vases clos coexistent sans se voir. Les élections se tiennent démocratiquement ; les résultats surprennent systématiquement. Le biais naît à la source de l’information : chacun ne reçoit que ce que l’arrange. Il ne faut surtout pas bousculer les pensées. Il ne faut surtout pas multiplier les points de vue. Les riches avec les riches, les vieux avec les vieux, les mécontents avec les mécontents. Quand elle n’est pas accessible, l’information surprend. On se demande : comment est-ce possible ? On n’y croit pas. On fabrique des complots. Tout est plus simple à accepter que notre propre absence au déroulement du monde.
Aujourd’hui, comme avant : La démocratie est le système le moins pourri qu’on ait trouvé. La démocratie n’est pas parfaite. Personne / rien ne l’est.

Il est un pays aux forces humaines inhumaines économiquement. Ce pays croit à l’autorégulation du marché. Ce pays croit à l’absence de l’interventionnisme. Ce pays se veut dépassionné. Ce pays sait que le marché s’agite et se calme. Le marché est parfois hystérique. Le marché s’enflamme parfois. Le marché se panique parfois. Le marché n’est pas parfait, comme toute chose ou toute être. Le marché s’ajuste, comme toute chose ou toute être. Il arrive que l’Histoire ou le Destin ou Dieu ou l’Univers déchaîne les enfers : des guerres, des maladies, des crises financières. Alors il faut faire le choix entre les forces humaines et inhumaines économiquement. Il faut choisir entre laisser mourir l’Homme et laisser mourir l’Economie.
Aujourd’hui, comme avant : On finit toujours par faire le choix évident : sauver l’Homme. Certains mettent plus de temps que d’autres. Ceux qui ont le Pouvoir de choisir sont comme toute chose ou toute être : imparfaits. Eux aussi s’ajustent. Eux aussi apprennent.

Il est un pays pauvre qui travaille pour les pays riches sans relâche. Le pays pauvre n’a pas les mêmes lois que les pays riches. Le pays pauvre fait travailler les enfants ; le pays pauvre ne donne pas de congés, pas de retraites, pas de sécurité sociale ; le pays pauvre ne respecte pas des normes de sécurité et d’hygiène pour protéger ses travailleurs ; le pays pauvre ne prend pas soin de l’environnement. Les pays riches disent vouloir aider le pays pauvre ; mais ça les arrange bien de pouvoir acheter ses produits moins chers ; et puis ça ne les arrange plus quand leur industrie est délocalisée ; ils prennent des mesures pour protéger leur propre économie ; parfois ils font ça en taxant les importations ; parfois ils font ça en exigeant que le pays pauvre adopte les mêmes conditions de travail, les mêmes critères de respect de l’environnement, les mêmes rémunérations. Rarement, mais quand même de plus en plus, les pays riches comprennent qu’aider le pays pauvre à devenir riche est dans leur propre intérêt : c’est ainsi qu’elles sauvegarderont leur propre économie. Il arrive que l’Histoire ou le Destin ou Dieu ou l’Univers déchaîne les enfers : des guerres, des maladies, des crises financières. Alors le rapport entre le pays pauvre et les pays riches peut s’inverser.
Depuis toujours et pour toujours : l’entraide est le moteur économique du monde.

Il est un pays aux traditions révolues et pérennes. Les autres pays le montrent du doigt : dépassé, périmé, kaput ! Les autres pays se félicitent de leurs avancées sur le sujet. Parfois, ils utilisent l’exemple du pays retardé pour freiner leur propre développement. On dit aux femmes occidentales d’aller voir en Orient si elles ne sont pas contentes de leurs droits. Y en a marre de l’égalité homme-femme ; les hommes ont assez cédé de terrain ; que les femmes leur foutent la paix, elles ne sont plus à plaindre ! Qu’elles se contentent des miettes qu’on a fini par leur jeter par dépit.
Aujourd’hui, comme demain : La lutte continue. Les traditions révolues sont pérennes. Les transformer est un travail transgénérationnel.  

Il est un pays aux animaux étranges servis dans les assiettes. C’est le dernier. Lui aussi comprendra que la vie prend ses racines et sa sève dans la terre. Entre temps, il ne voit pas la barbarie des abattoirs et des exploitations intensives de poulets ; il ne voit pas le gavage des oies immobilisées dans une boîte pendant un mois même sur de la musique classique ; il ne voit pas le plastique dans le ventre des poissons ; il ne voit pas la paille dans le nez de la tortue ; il ne voit pas les pesticides transmis par le lait ; il ne voit pas les cancers.
Aujourd’hui : Les animaux étranges sont servis dans les assiettes des homme étranges. Leur monde est un zoo inversé : l’Histoire ou le Destin ou Dieu ou l’Univers les regarde vivre et se reproduire en captivité. Parfois, Il se marre. Parfois, Il pleure. Tout le temps, Il garde espoir et Il attend qu’ils changent.

Il est un pays composé de 5 lettres dont 2 voyelles. C’est le pays des pays. C’est le MONDE. Son nom est en train de changer : les lettres se transforment, bougent, une consonne fait place à une voyelle, ça s’ouvre, ça se remplit d’AMOUR.
C’est dans ce pays que je veux vivre.

Il est un pays dont l’alphabet est composé de signes, de rêves, de prémonitions. C’est un pays qui écoute ses sentiments, ses intuitions, son cœur. C’est un pays qui ne souffre plus d’addiction, de peurs, de conflits. C’est un pays qui ne souffre plus. Il rigole. Il sait que rien n’est permanent, que tout passe, même l’amour. Il vie la vie telle qu’elle lui vient.
C’est dans ce pays que je veux vivre.

Il est un pays d’où vient la bête invisible et envahissante. L’Histoire ou le Destin ou Dieu ou l’Univers le choisit au hasard parmi les pays. Un jour ça a été l’Allemagne. Un jour ça a été la Chine. Tous les pays trouvent les ressources pour y faire face à l’intérieur d’eux-mêmes, ensemble. Tous les pays choisissent la vie. Ils travaillent ensemble. Ils font front commun pour combattre et se reconstruire. Ensemble, ils chassent la bête invisible et envahissante.
Passe ton chemin ! Envole-toi vers la galaxie ! Va voir là-bas si j’y suis pas ! Laisse-nous vivre et respirer !

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Țara mea

Există o țară îndepărtată, unde mii și mii de oameni, de animale și de lucruri sunt singure. Această țară, suprapopulată, a uitat ce înseamnă a fi împreună. Au fost luate măsuri extraordinare pentru a stopa creșterea exponențială a populației. S-a propus izolarea, dar nu s-a putut merge până la impus. Atunci, savanții americani au inventat un cod al uitării, pe care l-au implantat, discret, în creierele oamenilor. Dintr-o dată, uitarăm cum și de ce ne reuneam. Uitarăm de ce eram pe lume. Uitarăm care era sensul vieții. Codul deveni rapid independent: învăța singur și, pentru a se propaga, nu mai avea nevoie de savanții americani care îl creaseră. La rândul lor, creatorii codului fură contaminați și nu mai rămase nimeni pe lume care să-și amintească de ce fusese inventat codul uitării. Deveniți solitari, oamenii nu se mai gândiră să se iubească, nici să se înmulțească. Cum această funcție nu mai era utilă, corpul omenesc se adaptă fuzionând cu codul generator de uitare și umanitatea deveni umanoidă. Moartea disparu. Se fabricară clone pentru a înlocui, atunci când era necesar, modelele stricate. O nouă dinamică se puse în mișcare. O viață fără suflet se derula în mod mecanic. Fără scop. Fără rațiune. Fără viață.
Înainte - Pământul era rotund, dar paradoxal, ne futeam pe la colțuri.
Azi - Pământul se rotește în continuare, dar, paradoxal, nu ne-o mai tragem.

Există o țară cu ziduri zdravene, care împiedică Dușmanul să intre și Poporul să iasă. Țara e o închisoare; Poporul prizonier. Dușmanul n-are nume. Dușmanul n-are față. Dușmanul este o creație a Puterii, care justifică izolarea Poporului. Puterea a uitat de ce l-a inventat pe Dușman. Dar Puterea nu mai știe cum să trăiască fără Dușman. Atunci, cu toate că această realitate nu-i mai convine nici ei, Puterea o menține, pentru că este singura pe care o cunoaște. Puterea n-are imaginație. Puterea n-are curaj. Puterea bate pasul pe loc.
Înainte - Zidurile ne protejau.
Azi - Zidurile ne izolează.

Există o țară despre care credem că e o democrație și care, totuși, nu este. Credințele se întăresc în cercul lor de circulație. Necunoscutul devine inimaginabil. Cercuri închise coexistă fără să se întrezărească. Alegerile se țin în mod democratic; rezultatele surprind pe toată lumea în mod sistematic. Eroarea se naște la sursa informației: fiecare primește doar ceea ce îl aranjează să primească. Să nu care cumva să ne dăm peste cap părerile. Să nu care cumva să ne multiplicăm punctele de vedere. Bogătanii cu bogătanii, moșnegii cu moșnegii, nesatisfăcuții cu nesatisfăcuții. Când nu este accesibilă, informația este surprinzatoare. Ne întrebăm: oare cum de se poate? Nu ne credem urechilor. Fabricăm comploturi. Orice e mai ușor de acceptat decât propria noastră absență din povestea lumii.
Azi, ca și înainte - Democrația este sistemul cel mai puțin nasol pe care l-am găsit. Democrația nu este perfectă. Nimeni, nimic nu e.

Există o țară cu forțe umane inumane economic. Această țară crede în autoregularea pieței. Această țară crede în absența intervenționismului. Această țară se vrea depasionată. Această țară știe că piața se agită și se calmează. Piața este câteodată isterică. Piața se încinge câteodată. Piața se panichează câteodată. Piața nu e perfectă, ca orice lucru sau ființă. Piața se ajustează, ca orice lucru sau ființă. Câteodată, Istoria, sau Destinul, sau Dumnezeu, sau Universul descătușează și ne trimite iadurile: războaie, boli, crize financiare. Atunci trebuie ales între forțele umane și cele inumane economic. Trebuie ales între a lăsa Omul sau Economia să moară.
Azi, ca și înainte - Până la urmă, facem mereu alegerea evidentă: salvăm Omul. Unii dintre noi ajung la acest rezultat mai greu decât alții. Cei care au Puterea de a alege sunt ca orice lucru sau ființă : imperfecți. Și ei învață.

Există o țară sărmană, care lucrează pentru țările bogate fără răgaz. Țara sărmană n-are aceleași legi precum țările bogate. În țara sărmană copiii lucrează; în țara sărmană muncitorii n-au dreptul la concediu, la pensie, la medicamente compensate; țara sărmană nu respectă norme de securitate și de igienă pentru a-și proteja muncitorii; țara sărmană n-are grijă de mediul înconjurator. Țările bogate spun că vor să ajute țara sărmană; da’ le convine să-i cumpere produsele mai ieftin. Și apoi nu le mai convine când industria le e delocalizată. Iau măsuri ca să-și apere propria economie. Câteodată, fac asta taxând importurile. Altădată, fac asta cerând țării sărmane să adopte aceleași condiții de muncă, să respecte aceleași criterii de protecție a mediului, să acorde aceleași salarii. Rar, dar, totuși, din ce în ce mai des, țările bogate înțeleg că e în interesul lor să ajute țara sărmană să devină și ea bogată: doar așa își vor salva propria economie. Câteodată, Istoria, sau Destinul, sau Dumnezeu, sau Universul descătușează și ne trimite iadurile: războaie, boli, crize financiare. Atunci, raportul dintre țara sărmană și țările bogate poate fi inversat.
Dintotdeauna și pentru totdeauna: Ajutorul reciproc este motorul economic al lumii.

Există o țară cu tradiții înapoiate și înrădăcinate. Celelalte țări o arată cu degetul: depășită, expirată, kaput! Celelalte țări se felicită pentru avansul pe care l-au luat pe acest subiect. Câteodată, folosesc exemplul țării înapoiate ca să-si înfrâneze propria dezvoltare. Femeilor occidentale li se spune să se uite la Orient dacă nu sunt mulțumite de ce drepturi au. Ne-am săturat de egalitatea între sexe: bărbații au cedat destul teren! Ia să-i mai scutească muierile, că nu mai avem de ce să le plângem de milă! Să se mulțumească cu firimiturile pe care li le-am aruncat din silă.
Azi, ca și mâine - Lupta continuă. Tradițiile înapoiate sunt înrădăcinate. Transformarea lor e o muncă transgenerațională.

Există o țară cu animale ciudate servite în farfurii. E ultima din lume. La un moment dat și ea va înțelege că viața își trage rădăcinile și seva din pământ. Între timp, țara asta nu vede barbaria abatoarelor și a exploatărilor intensive de pui; nu vede îndoparea porcului în ajun de tăiere; nu vede plasticul în burta peștilor; nu vede paiul în nara broaștei țestoase; nu vede pesticidele transmise prin lapte; nu vede cancerele.
Azi - Animalele ciudate sunt servite în farfuriile oamenilor ciudați. Lumea lor este o grădină zoologică inversată: Istoria, sau Destinul, sau Dumnezeu, sau Universul se uită la cum trăiesc și cum se reproduc în captivitate. Câteodată Îl distrează. Câteodată Îi dau lacrimile. Mereu Își păstrează speranța și asteaptă ca ei să se schimbe.

Există o țară compusă din 5 litere dintre care 3 vocale. Este țara tuturor țărilor. Este LUMEA. Numele ei e în schimbare: doar EU ramâne la bază, fiecare literă se transformă, uite că mai vine o vocală, LUMEA se deschide, se luminează, se umple de IUBIRE. În țara asta vreau să trăiesc eu. Există o țară al cărui alfabet e compus din semne, vise și premoniții. Este o țară care-și ascultă sentimentele, intuițiile, inima. Este o țară care nu mai suferă de adicții, de frici, de conflicte. Este o țară care nu mai suferă. Ea râde. Știe că nimic nu este permanent, că totul trece, chiar și iubirea. Știe că nu poate să controleze viața, așa că o acceptă și o trăiește așa cum e.
În țara asta vreau să trăiesc eu.

Există o țară de unde vine fiara invizibilă și cotropitoare. Istoria, sau Destinul, sau Dumnezeu, sau Universul o alege la întamplare dintre țări. Odată a fost Germania. Odată a fost China. Toate țările găsesc în interiorul lor resursele necesare pentru a-i face față împreună. Toate țările aleg VIAȚA. Toate țările lucrează împreună. Toate țările fac front comun ca să trăiască și să se reconstruiască. Împreună, înving fiara invizibilă și cotropitoare.

Dă-te la o parte! Cară-te de aici! Caută-mă în altă parte! Lasă-ne să trăim și să respirăm!

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